Discours - président : M. Benoit Labonté, président Discours prononcé à l'occasion d'un déjeuner-conférence du forum Commerce traditionnel, commerce électronique et portails, dans le cadre des Entretiens Jacques-Cartier, à Lyon


Notes pour une allocution de

M. Benoit Labonté
Président,
Chambre de commerce
du Montréal métropolitain


Le développement des affaires électroniques
au Québec


À l'occasion d'un déjeuner-conférence
dans le cadre du forum
Commerce traditionnel, commerce électronique et portails


Lyon, le 1er décembre 2003

Monsieur le Président de l'Université Jean Moulin,
Monsieur le Président Agnès,
Monsieur Bideau,
Monsieur Jean-Marie Toulouse, directeur de l'École des Hautes Études de Montréal,
Madame Glasgow de l'Ambassade du Canada,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

Bonjour !

C'est un grand plaisir pour moi d'être avec vous aujourd'hui dans le cadre des Entretiens Jacques-Cartier !

J'aimerais vous entretenir d'une nouvelle réalité d'affaires, qui est au cœur des préoccupations de la Chambre de Commerce du Montréal métropolitain et qui est au cœur d'une véritable transformation des entreprises…

Je veux vous entretenir non pas de commerce électronique, mais bien d'affaires électroniques !

Mais qu'entend-on exactement par affaires électroniques ?

Cela peut être, par exemple :

• des programmes de formation en-ligne;
• des transactions financières par Internet;
• la gestion, en temps réel, des inventaires et de la ligne de production;
• ou encore, la modification des commandes en-ligne.

Par opposition, le commerce électronique lui, se limite essentiellement à la vente et à l'achat en ligne.

Parce qu'elles s'appliquent directement aux processus d'affaires et aux pratiques de gestion et qu'elles favorisent l'innovation, les affaires électroniques constituent un levier puissant pour l'amélioration de la productivité et de la compétitivité des entreprises.

Pour une entreprise manufacturière, par exemple, l'amélioration de la productivité passe - traditionnellement - par l'implantation ou le perfectionnement des processus de fabrication. Par exemple : l'achat d'équipements plus performants ou l'amélioration de la chaîne de montage.

Par contre, pour les entreprises de services - qui sont de plus en plus au cœur de nos économies du savoir - il n'y a qu'une seule façon d'accroître véritablement la productivité : l'amélioration des processus d'affaires.

L'entreprise à succès de demain sera celle qui saura réunir et intégrer les processus de fabrication et les processus d'affaires électroniques dans un seul et même concept de gestion.

Dans le contexte actuel de vive concurrence, tant au plan local, national, qu'international, les affaires électroniques ne sont donc plus un luxe, mais bien une nécessité stratégique essentielle au développement du plein potentiel des entreprises et, conséquemment, à l'obtention d'avantages concurrentiels précieux, comme : l'accès en temps réel à l'information stratégique et une grande rapidité de réaction aux changements dans l'environnement des entreprises.

Alors, que ce soit pour mieux suivre l'évolution des besoins de la clientèle, connaître la concurrence, ou réagir rapidement à la croissance du coût des matières premières, l'intégration des pratiques d'affaires électroniques permet de générer des gains réels de productivité.

Malgré ces avantages évidents, les entreprises n'en sont encore qu'au début de leur réflexion sur l'utilisation stratégique de ces nouvelles pratiques d'affaires.

À cet égard, il est essentiel de les amener rapidement à penser au-delà du commerce électronique qui se limite, bien souvent, nous l'avons noté, à l'action transactionnelle sur Internet.

Ce sont presque toutes les pratiques de gestion de l'entreprise, des ressources humaines, jusqu'à l'approvisionnement et le développement d'affaires, qui peuvent être améliorées par les nouvelles applications d'affaires électroniques.

Et les gains de productivité anticipés ne sont pas du tout théoriques.

À cet égard, permettez-moi de vous citer les résultats d'une récente étude de notre ministère fédéral, Industrie Canada. Cette étude démontre que les entreprises qui ont intégré les affaires électroniques ont, en moyenne, augmenté leurs revenus de 7 %, réduit le coût des marchandises vendues de 9,5 % et diminué les coûts administratifs et généraux de 7 %.

En clair, si nous appliquons ces chiffres à une entreprise qui réalise des ventes annuelles de 10 millions d'Euros, avec une marge de profit de 20 %, cette entreprise connaîtrait une croissance de ses profits nets pouvant aller jusqu'à 154 % !

Au Québec et au Canada, quelques obstacles se dressent toutefois devant l'adoption des affaires électroniques par les PME. Deux d'entre eux retiennent particulièrement l'attention de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Le premier est le manque d'initiatives structurées, de sensibilisation et d'accompagnement des PME dans leurs démarches d'adoption des affaires électroniques. En effet, il existe peu de programmes dont l'objectif est de démystifier les affaires électroniques pour la PME. Cette dernière est trop souvent laissée à elle-même. Il découle de cette situation que les PME canadiennes adoptent à un rythme encore trop lent les affaires électroniques.

Bien qu'elles soient relativement à égalité dans ce domaine avec les entreprises françaises, nos PME accusent un retard certain par rapport à leurs concurrentes américaines. Et, dans notre contexte de libre-échange nord-américain, cette situation est pour le moins déplorable.

Le deuxième obstacle rencontré par nos PME est le manque de ressources spécialisées en affaires électroniques pour les appuyer dans leurs démarches. Bien qu'il existe de nombreuses ressources techniques sur le marché, il existe, somme toute, peu de spécialistes en gestion des affaires électroniques et ces derniers oeuvrent généralement dans la grande entreprise.

Aussi, le secteur des affaires électroniques étant assez jeune, le marché du service-conseil, dans ce domaine, est composé de personnes ressources qui n'ont pas toujours les compétences requises pour accompagner les PME et celles-ci finissent par ne plus savoir à qui s'en remettre, avec assurance.

Tout cela retarde leur évolution vers l'intégration des affaires électroniques dans leurs processus d'affaires.

Si l'adoption des affaires électroniques par les PME du Québec et du Canada rencontre certains obstacles, il nous est tout de même possible de construire sur la base de conditions favorables. Ainsi, à la fin de 2001, plus de 70 % des entreprises québécoises de plus de 5 employés utilisaient Internet et 30 % d'entre elles l'utilisaient pour effectuer du commerce électronique.

C'est un très bon point de départ…

Toujours soucieuse de contribuer à la prospérité de ses membres et de la grande communauté des affaires, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain s'est impliquée activement dans la promotion des compétences en affaires électroniques comme outil d'innovation, de productivité et de compétitivité des entreprises.

La Chambre a fait figure de précurseur en créant, dès 1990, l'Institut du commerce électronique.

Depuis janvier 2003, l'Institut a été intégré à la Chambre pour en devenir une direction de services. Cette direction a essentiellement pour mission de promouvoir et d'accélérer l'adoption des affaires électroniques par les PME.

Je profite de l'occasion pour souligner la présence, parmi nous, du directeur général de cette direction de services de la Chambre : Monsieur Claude Riopel.

Deux axes d'intervention majeurs permettent aujourd'hui à la Chambre d'accomplir sa mission en affaires électroniques et de mettre de l'avant des solutions novatrices.

Tout d'abord, les activités de transfert de connaissances de l'Institut permettent de sensibiliser et d'enseigner aux PME l'importance stratégique des affaires électroniques. Et les séminaires de formation que nous développons sont basés sur une approche très simple : le pragmatisme !

En plus de former directement les PME, l'Institut oeuvre également auprès de leurs intervenants et consultants en affaires électroniques. Ainsi, l'Institut a mis au point, en 2001, une certification professionnelle en affaires électroniques qui permet de former des personnes ressources reconnues, qui ont pour principale clientèle la PME. Cette certification de niveau universitaire, d'une durée de 50 heures, est reconnue et créditée par l'École des Hautes études commerciales de Montréal, une institution d'enseignement d'envergure internationale.

Je veux d'ailleurs souligner la présence de Monsieur Paul Mireault, professeur à HEC Montréal et coresponsable, avec Claude Riopel, du colloque 2004 des Entretiens Jacques-Cartier à Montréal sur le thème « Affaires électroniques, productivité et compétitivité ».

Avec plus de 300 certifiés en trois ans, la PME québécoise est de mieux en mieux servie par des professionnels qualifiés qui contribuent, à leur façon, à accélérer l'adoption des affaires électroniques. Cette certification professionnelle est d'ailleurs disponible à l'échelle mondiale. Les consultants et les intervenants français, par exemple, peuvent facilement s'inscrire à ce programme de certification et suivre sa version en-ligne.

Le deuxième axe d'intervention de notre direction de services en affaires électroniques, est le service-conseil en planification des affaires électroniques. A cet effet, l'Institut du commerce électronique soutien et accompagne un réseau pan-québécois de conseillers qui oeuvrent dans l'ensemble des régions du Québec. Ils interviennent auprès des PME manufacturières qui désirent profiter du levier que leur offrent les affaires électroniques.

Les interventions de l'Institut ont aussi le très grand avantage d'être neutres, impartiales, de courte durée et, je me permets d'insister, pragmatiques.

Ces interventions couvrent toutes les étapes menant à la sélection et à l'implantation d'un projet d'affaires électroniques et permettent de réduire sensiblement les risques qui y sont associés en mettant l'accent sur la planification.

Une bonne planification permet en effet aux entreprises d'implanter des projets structurants qui ont un impact direct sur leur productivité et leur croissance. Ainsi, depuis avril 2000, près de mille entreprises manufacturières québécoises ont bénéficié du service d'accompagnement du réseau de conseillers supporté par la direction de services en affaires électroniques de la Chambre.

Dans un proche avenir, la Chambre entend accélérer son rôle de moteur de l'adoption des affaires électroniques par la PME. Elle le fera, notamment, en appuyant les efforts des gouvernements en vue d'augmenter le nombre et la qualité des services en-ligne offerts aux entreprises.

La Chambre compte également offrir aux autres provinces canadiennes son expertise unique.

De plus, de nouveaux projets structurants sont mis de l'avant pour accroître les services aux PME du Québec. À cet égard, mentionnons : la création d'un portail de gestion des appels d'offres en affaires électroniques pour la PME et ses fournisseurs de services ainsi que la mise sur pied d'un centre d'expertise pilote dans une région éloignée de Montréal, soit la Gaspésie.

Bref, les affaires électroniques n'en sont certes qu'à leurs premiers balbutiements mais elles représentent un potentiel énorme !

En conclusion, j'aimerais vous parler très brièvement d'un autre enjeu de taille auquel il faut se préparer, soit l'émergence des technologies de gestion du savoir.

La gestion du savoir, c'est essentiellement la capacité d'une entreprise de maintenir, gérer et partager sa connaissance. Cela devient un enjeu crucial, dans la mesure où le savoir sera de plus en plus la véritable mesure de la valeur d'une entreprise.


Le phénomène de la perte du savoir est des plus pertinents au Québec, dans la mesure où - sur le plan démographique - nous nous apprêtons à assister à une vague importante de mises à la retraite et à la perte potentielle du savoir d'une génération entière. Ce phénomène s'observe autant dans les secteurs publics de l'éducation et de la santé, par exemple, que dans le secteur privé.

L'intégration de solutions de gestion du savoir et la création de réseaux de partage des connaissances, seront des outils précieux pour aider les entreprises et les gouvernements à pallier ce problème.

Bref, la Chambre ne prétend pas pouvoir faire face simultanément à l'ensemble de ces enjeux qui façonneront le tissu économique de la prochaine décennie.

Mais, déjà, notre capacité à les identifier est une étape importante pour nous aider à préparer adéquatement nos quelque 7 000 membres.

Aujourd'hui, la Chambre contribue activement à stimuler l'innovation, la productivité et la compétitivité des entreprises.

Souhaitons simplement que notre implication permette à bon nombre d'entre elles de survivre, mais surtout, de prospérer.

Je vous remercie !

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