Discours - conférencier :M. Bernard Landry, vice-premier ministre et ministre d'État à l'Économie et aux Finances, Gouvernement du Québec


Discours prononcé par M. Bernard Landry
Vice-premier ministre et ministre d'État à l'Économie et aux Finances, Gouvernement du Québec

Le 16 mars 2000

Monsieur le président, chers invités d'honneur, mesdames et messieurs, chers amis, vous êtes tous et toutes, ou à peu près, des gestionnaires chevronnés et vous savez qu'une des règles de la gestion et de l'animation des personnels c'est de partager les succès avec eux et avec son équipe. J'ai ici avec moi le sous-ministre des Finances, Gilles Godbout, un certain nombre d'autres collaborateurs de ce qui est une des plus formidables équipes de gestion de notre continent, qui sont reconnus aussi bien à Ottawa, qu'à New-York et qu'à Boston. À telle enseigne qu'ils secondent leur ministre d'une façon inimaginable, ils vont jusqu'à prévoir les questions des journalistes et me faire de longues listes de réponses modulées que je pourrais leur faire. Ils me préparent des discours fabuleux, dont je ne lis jamais une ligne, d'ailleurs vous le savez. Mais, j'ai développé la conviction que le ministre des Finances du Québec pourrait un parfait imbécile et ça prendrait des mois et des mois avant que les gens ne s'en aperçoivent. Cela dit, ce n'est pas une condition nécessaire ni essentielle. Mais je tiens à rendre hommage à cette équipe du ministère des Finances qui a été évidemment de tous les instants, non pas uniquement du présent budget, parce que le présent budget est un aboutissement, mais a été de tous les instants, parfois beaucoup plus difficiles, qui ont précédé ce budget. Ce budget des amorces, comme le dit le président. Nous sommes contents, mais non satisfaits. On a amorcé les virages, et plus que des virages, dans la bonne direction. Et je retiens le message sur Montréal. D'habitude, quand je viens faire ce discours, à la Chambre de commerce, on me fait toujours les messages budgétaires et qui me concernent directement. Là, vous me prenez comme boîte aux lettres. Vous voulez que je parle à Madame Harel, pour lui dire que " Montréal c'est la métropole, c'est normal ", je suis d'accord avec vous, à la condition que vous reconnaissiez que Québec c'est la Capitale et qu'elle est nationale.

Alors, qu'avons-nous fait au terme de l'aboutissement de ce processus qui a été pénible? Mettre fin à un désordre évident et intolérable et chronique de nos finances publiques n'a pas été si simple, ça ne se serait jamais fait sans la coopération de toute la société civile québécoise, dont plusieurs sont présents dans cette salle et qui ont été des piliers de la décision de marcher vers le déficit zéro, de tous les horizons idéologiques.
Ce cheminement nous a permis, aujourd'hui, de présenter le budget que vous savez dont les lignes et les axes sont extrêmement simples, il y en a à peu près quatre avec des variantes et des sous-catégories. D'abord, la réduction du fardeau fiscal. Non pas uniquement pour des raisons macro-économiques, car ce ne sont pas les plus évidentes. Ça va peut-être vous surprendre si je vous dis ça. Certains prétendent que la réduction importante des impôts produit automatiquement une relance importante de l'activité économique. Ce n'est pas absolument certain. En tout cas, ce n'est pas facilement prouvable mathématiquement, parce que, que le contribuable dépense lui-même son argent, ce qui est plus agréable pour lui, ou que l'argent soit dépensé par l'administration, en termes macro-économiques et de demande finale, c'est la même chose. Cependant, ce qu'on me dit et me fait valoir et je suis prêt à le croire, c'est que le fait que le contribuable puisse le faire lui-même, ça change son humeur, ça change son optimisme, ça change sa façon de voir la vie et son travail en particulier et, de ce point de vue là, je suis absolument certain que nos contribuables peinaient sous le harnais. Ceux des classes moyennes comme tous les autres, et le 1 % de la population du Québec qui gagne plus de 100 000 $ par année est appelé à encore une solidarité fiscale plus exigeante. Alors là, les impôts baissent pour tout le monde, mais baissent plus pour la classe moyenne qui commençait à trouver qu'une portion trop grande de son chèque allait à la vie collective et à la solidarité.

Donc, nous avons amorcé cette baisse qui est la plus importante depuis que Maurice LeNoblet Duplessis a créé l'impôt sur le revenu. Elle est aussi deux fois plus importante que celle qu'a annoncée mon collègue et estimé ami, Paul Martin, qui a d'autres échéanciers que les miens, dont le calendrier n'est pas le même et qui n'a pas, dans son cœur, la présence comme moi j'ai le privilège d'avoir d'un chef bien aimé et formidable, monsieur Lucien Bouchard. Alors, Paul Martin, il a décidé, la première année, de faire l'indexation, ce qui n'est pas une baisse d'impôts, mais qui est la protection contre l'inflation. Nous avons décidé, à Québec, de faire des baisses radicales d'impôts qui battent l'inflation et par plusieurs fois, plusieurs années de suite. Alors, un point d'inflation, c'est cent millions. Sous l'angle fiscal, alors un et demi, c'est cent cinquante millions et vous savez que l'année la plus faible de baisses d'impôts est d'un milliard. Donc, vous êtes garantis et ultra-garantis contre l'inflation. Mais pour empêcher que la bête hypocrite ne vienne vous reprendre ce qu'on vous a donné dans les années qui vont suivre, l'indexation sera automatique et pleine, trois exercices plus tard. On pense que c'était sage de faire ça, ça reste beaucoup plus d'argent plus rapidement dans les poches des contribuables, ça crée un effet psychologique intéressant. Il y a des gens là qui vont avoir, au bout de trois ans, entre 1 500 $ et 2 000 $ de plus d'argent dans leurs poches plus la modeste réduction fédérale, ça veut dire 2 000 quelque…, il faut avoir le sens des proportions. Et cet argent-là, par définition, il est net d'impôts, évidemment, c'est une baisse d'impôts. Alors, ça fait quand même pas mal d'argent. Ça peut équivaloir, en pouvoir d'achat, facilement à trois ou quatre mille dollars.

Et, en fait, c'est une amorce. Pourquoi c'est une amorce? Là c'est pour des raisons de comparaison. Nous ne pouvons pas éternellement dire à nos contribuables et nos compatriotes qu'ils doivent se contenter d'être les plus lourdement taxés de leur continent sans avoir en plus le sentiment de vivre au paradis terrestre, ce qui devrait être le cas avec des taxes de cette nature. Alors nous avons cette année, d'un seul bond, mais un bond important, comblé 30 % de la différence moyenne avec la fiscalité au Canada. Et nous ne sommes plus les gens les plus taxés d'Amérique du Nord, une autre puissance industrielle formidable, la Saskatchewan, vient de nous dépasser. Et j'espère qu'on fera mieux dans l'avenir. Donc, n'allez pas croire que nous sommes à un aboutissement. Comme le dit votre président, nous sommes à une amorce.

Qu'est-ce qu'on a fait d'autres? Nous sommes allés vers une priorité lancinante et pénible, pour l'appeler par son nom, de toutes les sociétés occidentales, la hausse croissante et écrasante des frais de santé. On a mis 2,7 milliards de dollars et la conférence de presse donnée par ma collègue, Madame Marois, hier, a démontré de façon éclatante ce que j'avais dit quelques semaines auparavant, " la santé, ce n'est pas qu'une question d'argent ", c'est aussi une question d'argent, mais c'est une question de bonne gestion. Il y a des gestionnaires admirables dans le système de santé qui ont fait des déficits, oui, gestionnaires admirables qui ont fait des déficits par sous-financement. Puis il y a des gestionnaires minables qui ont fait des déficits par manque de gestion. Et là ma collègue va les avoir à l'œil, avec les stimuli qu'il faut et l'interdiction, comme on l'a fait pour les municipalités pour notre plus grand bien il y a un certain nombre d'années, de faire un déficit quand on gère un hôpital. Car les besoins en santé sont infinis, infinis, et à géométrie variable et infiniment variable. Jean Rochon, qui est un des grands experts du monde sur la question. Je pense à son séjour à l'OMS, qu'il a donné quelques notions théoriques, mais je pense à son séjour comme ministre de la Santé du Québec qui a donné une maudite " ride " pratique. Jean Rochon dit que " les sociétés sérieuses doivent décider de la portion du PNB consacrée à la santé et gérer à l'intérieur de ça ". Et je pense qu'on va devoir en venir là et que toutes les sociétés devront en venir là, car, en effet, on peut toujours ajouter, en matière de santé, les professionnels de la santé par conscience professionnelle et par zèle, mais peut-être aussi pour d'autres motifs, sont en mesure d'établir la dimension de la demande. Alors, c'est sûr qu'il y a une tendance à la croissance exponentielle. Alors, nous allons y faire face de deux manières donc, de l'argent et encore de l'argent, mais de la gestion et encore de la gestion. Et il faut s'attendre, dans les années à venir, à avoir quand même le puissant casse-tête devant nous, malgré les progrès extraordinaires de la médecine, le taux de mortalité de l'espèce humaine est toujours de 100 %, sauf que l'événement survient plus tard. Et c'est ce qui fait que notre système est sous tension et le sera encore pendant longtemps. Donc, il faudra être de plus en plus ingénieux et de plus en plus inventifs pour garder des soins de santé du plus haut niveau dont le seul principe sacré pour nous est l'accessibilité, l'accessibilité. Les modalités peuvent être à discuter. Nous croyons profondément qu'une des grandes conquêtes de notre société, les sociétés avancées, c'est l'égalité devant la maladie. C'est déjà assez pénible d'être malade, que s'il faut en plus porter sa condition financière en plus de la condition humaine, c'est trop. Alors, là-dessus, nous n'avons pas l'intention de revenir. Les gens de mon âge qui ont été élevés dans des petits villages où tout le monde se connaissait, ont vu des familles faire faillite, des familles ruinées à cause de malencontreux comptes d'hôpital, de la maladie du père et de la mère. " Never more ", jamais plus, " hamass ", pour le reste, on va faire de la gestion et on va organiser notre système pour qu'il soit le plus efficace possible.

Voilà donc pour le palliatif, car en santé, hélas, c'est palliatif.

Pour le constructif, maintenant, l'éducation où là on peut parler même pratiquement en termes comptables d'un investissement. Nous ne sommes plus dans le palliatif, nous sommes dans le constructif. Et il est vrai que notre système d'éducation, qui est resté excellent, qui est resté excellent, a eu à souffrir de manque de ressources ou d'une certaine gêne financière dans notre cheminement vers le déficit zéro. Je crois que le niveau est resté excellent, on a plus de diplômés universitaires proportionnellement à la population à Montréal qu'à Boston, comme vous le savez. Ce qui est, paraît-il, cette nouvelle a fait quelques remous à Boston mais, en tout respect, c'est ça. On donne plus de diplômes universitaires par tête d'habitant que ne le fait la première puissance du monde, les États-Unis, que ne le fait la deuxième, le Japon. Alors, on a eu des périodes difficiles, d'accord, on a peut-être laissé entamer certains capitaux, certains équipements, mais là nous revenons à la croissance et nous nous acquittons de nos engagements du Sommet de la Jeunesse pour l'université, pour les commissions scolaires, pour les collèges.

Je suis heureux qu'on ait souligné cette parenthèse aussi de l'accès à l'Internet. D'abord pour les PME, mais là c'est la moindre des choses, c'est la moindre des choses là, c'est une opération strictement économique, il faut que toutes les PME du Québec, et rapidement et que ça saute, aient un site Internet. Et comme les Québécois ont beaucoup de talent pour créer ces sites, j'espère que ça va être comme une traînée de poudre et que l'argent va être dépensé dans l'année qui vient et qu'on n'en parlera plus, nos PME seront les " B to " et tout ce que tu veux, les plus connectées de la terre et que ça saute.

Mais, au-delà des entreprises, toujours dans un souci d'accessibilité, avec les allocations familiales viennent le droit maintenant d'être branché à Internet, d'être supporté par l'État pour le faire et d'avoir accès aux appareils pour les familles. En effet, tout le monde sait, et moi qui suit grand-père, je me fais maintenant expliquer des choses par des petites filles qui n'ont pas plus que douze ans parce qu'elles sont branchées à la planète plus que je ne le suis moi-même, ça devient un élément de culture, et le Québec est moins branché pour des raisons culturelles et linguistiques que d'autres endroits du continent et les familles les moins fortunées le sont moins que les autres. On leur donne les moyens parce que nous croyons, ça vous surprendra ni ne vous scandalisera que je vous dise que nous sommes un gouvernement progressiste. Et un gouvernement progressiste aujourd'hui, c'est celui qui adopte un peu la philosophie du premier ministre de la Grande-Bretagne, Tony Blair, qui disait, il n'y a pas longtemps et j'ai traduit sa phrase et je pense que ma phrase en français est meilleure que la sienne en anglais. En tout cas, je ferai juger cela un bon jour. Ma traduction de sa phrase c'est la suivante : " les socialistes se sont trompés en voulant égaliser le succès, mais les socialistes ont eu raison en voulant égaliser les chances de succès ", et ça je pense que ça peut réconcilier des gens de droite comme des gens de gauche. Nous croyons à l'économie de marché, mais si collectivement nous pouvons être d'un certain secours pour égaliser les chances de succès, pour qu'un jeune homme ou une jeune fille qui n'aurait pas eu accès à l'Internet ait accès à l'Internet, on doit poser ces gestes-là, ça fait partie des actions d'une société solidaire.

Qu'est-ce qu'on a fait d'autres? Bien, on a continué dans une voie que nous avions déjà amorcée, qui est celle du soutien intelligent et rationnel des entrepreneurs du Québec et des entreprises du Québec. Alors, on a des programmes extrêmement performants qui s'appellent le programme FAIRE, on met une rallonge; on a un effort considérable en matière de recherche et développement, on le continue, on l'accentue; on a des efforts considérables en matière de valorisation de la recherche scientifique, de passage à l'université à l'usine, on les accentue. Donc, quelques grands coups concurrentiels aussi. Vous savez qu'en termes de concurrence, pour attirer des entreprises ici, nous n'avons pas froid aux yeux. Plusieurs d'entre vous le savent, on a eu de belles aventures d'implantation industrielle ensemble. Là, je viens d'ajouter une pièce d'artillerie de haut calibre à notre arsenal, pour convaincre les investisseurs de venir ici, et cette exemption de toute fiscalité québécoise pendant dix ans pour les projets majeurs. S'ils ne viennent pas ici, ça ne me coûte rien, ça ne me rapporte rien. Puis s'ils viennent, c'est tout bénéfice, et j'ai des concurrents dans le monde entier dont la petite République d'Irlande : 3 500 000 habitants, peuple sage qui a décidé d'être indépendant en 1917 et qui, de ce fait, peut exempter totalement d'impôts les entreprises. Moi, quand je donne mes exemptions, bien, ça n'est uniquement que de la partie québécoise, évidemment, et j'espère toujours que les fédéraux vont me suivre et ils ne me suivent jamais. Ils ne m'ont pas suivi dans les CFI, ils ne m'ont pas suivi dans la politique maritime, peut-être feraient-ils une exception cette fois-ci, suivant les calendriers de mon ami le ministre des Finances. Alors j'espère qu'il va nous imiter et, s'il le fait, bien ça va être un élément supplémentaire pour soutenir les entreprises. Le gouvernement ne crée pas d'emploi, ne crée plus d'emploi. On en a même fait disparaître, vous le savez, dans nos efforts de rationalisation. Mais ce que je vous dis, à vous, de la classe d'affaires du Québec, c'est " il n'y a pratiquement pas un État national au monde qui soutient autant ses entrepreneurs que le Québec ". Et les résultats sont là. Les résultats sont là au point que je suis obligé de changer ma structure mentale pour rester convenablement le ministre de l'Économie et des Finances. Vous m'avez entendu dire, plusieurs fois devant vous, que j'étais accablé par le paradoxe québécois, vous vous rappelez hein!, paradoxe québécois " qu'on a tout pour réussir puis on ne réussit pas ". Bien là, ma foi, on a tout pour réussir puis on réussit. Il faut changer notre psychologie. Ce budget, là, dans ces conditions, est plus qu'une amorce, c'est un virage net et clair vers l'espoir. C'est le contraire du misérabilisme, c'est le contraire du défaitiste, c'est l'acceptation profonde du succès et c'est la bienvenue au succès.

Vous savez qu'il y a à peine cinq ans, cette ville de Montréal, qui est en train de devenir une des plus prospères du Canada et une des plus prospères du continent, était recouverte de la poussière grise, de la tristesse et du pessimisme, il y a cinq ans. Il y a dix ans, le taux de chômage, à Montréal, était de 10 %; à Toronto, il était de 4 %. Aujourd'hui, à Toronto il est de 5 %, à Montréal il est de 6 %. Alors, je ne souhaite pas qu'il monte à Toronto, je souhaite qu'il baisse à Toronto, mais vous voyez bien que les courbes convergent d'une façon qu'une reprise par Montréal de son titre de l'endroit le plus prospère du Canada est tout à fait possible et est à notre portée, nous sommes dans les industries de pointe, les industries porteuses. Vous savez qu'au cours de l'été va s'amorcer ici, à Montréal, vingt chantiers majeurs, on compte juste les majeurs là, pour deux milliards de dollars de construction. Alors, si on est encore à l'époque de la poussière grise, on aurait des manifestations pour dire " quel est tout ce bruit ", puis " que ces grues sont laides " et que " notre vie est infernale ". Non, ce n'est pas ça, on va avoir à subir certains des inconvénients du succès et j'espère qu'on ne dira pas " bonjour tristesse ", qu'on dira " bonjour succès ".

Et il en va de même pour presque toutes les régions du Québec, presque. Pourquoi je dis " presque "? Parce que l'Abitibi est encore frappée par la crise des matières premières, parce que le Saguenay-Lac Saint-Jean incarne encore le paradoxe québécois : " tout pour réussir mais réussite pas tout à fait au rendez-vous " et parce que la Gaspésie vit une tragédie, c'est aussi simple que ça. Ce n'est pas parce qu'on est Montréalais ou qu'on est à Québec qu'on doit oublier cette portion du territoire québécois qui s'appelle la Gaspésie. Alors, le gouvernement, vous l'avez vu dans le budget, fait un effort supplémentaire de solidarité envers la Gaspésie, va mobiliser de façon particulière tous ses programmes envers la Gaspésie. Ce que je vous demande, vous, hommes et femmes d'affaires de Montréal, c'est de considérer tous vos projets gaspésiens. Si vous en avez et si vous n'en avez pas, d'essayer d'en concevoir d'une manière particulière. Là nous avons l'obligation de répandre la prospérité. Presque toutes les régions vont bien, mais le taux de chômage québécois sera toujours affecté par un moins grand développement dans l'une région ou l'autre. Alors, on va améliorer tous nos indices si on peut faire monter à la prospérité toutes les régions du Québec.

Alors, vous voyez que l'atmosphère est changée et qu'il faut continuer à cultiver. Et là je vais faire, en terminant, deux choses : un appel d'abord à nos compatriotes anglophones de Montréal qui ont été l'objet de beaucoup de bouleversements au cours des vingt-cinq dernières années. Tellement de bouleversements qu'il y en a plusieurs qui sont partis. On me dit à tous les jours qu'il y en a plusieurs qui regrettent d'être partis, par ailleurs, ce n'est pas une consolation pour eux, ça en est une pour nous, mais je leur demande là de vraiment regarder la réalité montréalaise en face, une merveilleuse aventure économique, culturelle et sociale où leurs droits et leur présence sont respectés mieux, hélas, que partout ailleurs au Canada quand il s'agit de traitement de minorité. Alors, je voudrais qu'il se joigne à l'enthousiasme, et je ne veux pas les juger par la Gazette, parce que, le seul médium d'information qui a vraiment mal accueilli le budget, c'est la Gazette. Bien je vous l'ai dit depuis longtemps, même si je rentre chez nous ce soir à Verchères en marchant sur les eaux alors que la glace est partie, ils vont titrer demain " Landry ne sait pas nager ", je sais ça. Mais même à eux je demande d'être factuels et de participer à cette prospérité qui est celle de tout le monde.

Et enfin, et là c'est plus qu'une parenthèse, c'est un appel que je ferais à tout le monde, y compris aux Anglophones pour qui ça sera encore un peu plus difficile de répondre à cet appel, c'est de vous joindre à un consensus. Notre société n'est pas consensuelle. Dans cette salle comme à l'extérieur, il y a des gens qui préconisent la souveraineté du Québec et d'autres qui ne la préconisent pas. Il n'y a pas de grand monde qui soutient le statut quo par ailleurs hein!, ce n'est pas plus que…, c'est devenu presque marginal, mais on ne peut pas s'entendre là, dans un avenir rapproché, sur cette question. Vous savez quelle est notre position à nous, ce que nous souhaitons, et je le dis parce que je ne suis pas qu'un homme d'économie et de finances, je suis ce que certains appellent un homme politique et ceux qui m'aiment le plus appellent un homme État. Et c'est pour ça que je parle d'autres choses que d'économie et de finances. Vous savez ce que je préconise et que le premier ministre Bouchard préconise. Nous voulons refonder une union Canada-Québec calquée sur les principes de la Communauté économique européenne qui est un succès prodigieux et qui respecte à la fois les Nations et les quatre libertés de circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux. Je vous l'ai dit, je vous le redis, vous pouvez être d'accord, pas d'accord, vous avez mon plus grand respect. Mais une chose sur laquelle nous devons être d'accord, et là je demande un petit effort de réflexion à ceux et celles qui seraient loin de ça. Le Devoir a fait un colloque de tous nos meilleurs intellectuels après avoir publié durant tout l'été une série d'articles déterminants sur la question. Le journal La Presse, sous la plume de monsieur Alain Dubuc, a emprunté la même voie qui est une amorce de consensus et sur lequel on doit s'entendre, et quel est ce consensus, le Québec forme une nation. Quel que soit le destin qu'on lui souhaite, le Québec forme une nation comme l'État indépendant d'Israël ou l'État non indépendant d'Écosse, comme la République Tchèque où qu'il y avait aussi une mésalliance qui fut réglée en République Tchèque et République Slovaque, ou comme la Slovénie. Le Québec étant par ailleurs plus puissant économiquement que tous ceux et celles que je viens de nommer. Quand nous avons choisi de nous appeler une société distincte, nous l'avons fait en toute bonne foi, mais c'était une erreur tragique. Quand on est un lion, on ne dit pas à son ami " je suis un chat ", d'abord il risque ou de te croire, ce qui serait faux, ou de te mépriser, ce qu'ils ont fait. Tu es un lion, tu te déguises en chat, alors oust! le chat hein! Nous ne sommes pas une société distincte, nous sommes une nation, comme l'acceptait très bien Lester Pearson, comme l'acceptait très bien Robert Stanfield et comme nous devons, en nous-même, l'accepter et le proclamer par honnêteté à la face de nos compatriotes du reste du Canada. Faire croire que le Québec et la Saskatchewan c'est la même chose, c'est simplement pas réaliste et pas honnête. Il n'y a pas un Anglais d'Angleterre qui essaierait de faire croire que l'Écosse et le Sussex c'est la même chose, ça serait une absurdité. Alors, maintenant qu'on peut cultiver l'optimiste et la prospérité, ce que je vous demande, c'est de tourner le dos à l'absurdité et de promouvoir la vérité.

Merci de votre attention.

 

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