Discours - conférencier : M. Simon Brault, président, Culture Montréal et directeur général, École nationale de théâtre du Canada Au-delà des bonnes intentions : la culture comme levier de développement d'une métropole digne de ce nom


Montréal ville créative : réveiller le géant qui dort.

Évidemment, puisque cette tribune est celle de la Chambre de commerce, il est de mise d'évoquer quelques chiffres et quelques données statistiques illustrant la présence objective et le poids économique indéniable des arts et de la culture à Montréal.

Ainsi, il est intéressant de rappeler :

•  que le secteur culturel de la région métropolitaine emploie plus de 90 000 personnes, ce qui représente environ 5,1 % de la main d'œuvre totale et qu'un grand nombre de ces emplois sont des emplois de qualité même s'il y a encore des catégories sérieusement sous-rémunérées;

•  qu'il génère 5.4 milliards $ en dépenses brutes chaque année

On trouve sur l'île de Montréal :

•  200 troupes de théâtre professionnelles
•  50 compagnies de danses
•  2 orchestres symphoniques et une douzaine d'ensembles de musique contemporaine de haut calibre
•  90 festivals, dont un bon nombre d'envergure internationale
•  65 000 sièges disponibles pour voir un spectacle presque chaque soir de l'année
•  700 ateliers d'artistes
•  57 bibliothèques publiques effectuant12 millions de prêts et bientôt une Grande Bibliothèque qui deviendra assurément une institution culturelle phare du Québec et de cette ville
•  32 musées, 28 centres d'exposition et 19 centres d'interprétation
•  des écoles d'art reconnues internationalement et maintenant regroupées au sien de l'Association des écoles supérieures d'art de Montréal
•  93 entreprises dans les domaines du disque et du spectacle
•  98 entreprises dans les domaines du cinéma et de la télévision
•  une production cinématographique qui place Montréal au 5 e rang nord-américain pour ce type d'activités
•  et, enfin, des initiatives originales qui font de Montréal un leader reconnu dans les domaines du cirque, du théâtre et de la littérature jeunesse, de la danse contemporaine ou des nouveaux médias.

Mais, il me semble aussi que les gens de culture ne devraient plus avoir à se rabattre exclusivement sur ce genre de données quand il s'agit de capter l'attention des décideurs économiques et politiques en 2004.

Il est en effet de plus en plus admis que l'avenir des grandes agglomérations urbaines passe par la valorisation de la créativité. Sans créativité, sans idées nouvelles, il n'y a pas de développement de qualité, ni de richesses supplémentaires à partager.

On admet de plus en plus que la créativité de l'être humain, comme celle des organisations et à plus forte raison celle des villes, est incubée, soutenue, stimulée ou attisée par un certain nombre de facteurs dont la qualité de l'environnement naturel et bâtit, la qualité de la vie démocratique et l'intensité, l'originalité et l'authenticité de la vie artistique et culturelle.

 Évidemment, ces constats ne sont pas nouveaux dans l'histoire de l'humanité. Les Grecs et, beaucoup plus tard, les philosophes des Lumières observaient de tels phénomènes. Mais, nous assistons présentement à une re-découverte de la dynamique culture et développement dans le cadre des grandes agglomérations urbaines. Et cela même en Amérique du Nord et au Canada.

Incidemment, il est intéressant de noter que le Conseil de Ville de Toronto adoptait le 24 juin dernier un document de politique culturelle intitulé Culture Plan for the Creative City qui stipule d'entrée de jeu que  :

“Creative cities are cities that offer their residents a high quality of life, witch Toronto residents define as essentially cultural : great arts and educational institutions, vibrant street life, etc. Toronto is already a Creative City : its competitor are now such major centers as Chicago, Milan, Barcelona, Montreal and San Francisco...”

Chicago, Milan, Barcelone, San Francisco…vous voyez donc que nous faisons d'emblée partie du club select des grandes villes créatives valorisant la culture: en tout cas c'est ce qu'on affirme à l'Hôtel de Ville de Toronto… Mais, au-delà de ce clin d'œil, je vous propose de réfléchir à la place réelle que nous accordons aux arts et à la culture quand il s'agit de penser l'avenir de Montréal.

En effet, alors que Montréal tente de redéployer son économie en misant sur ses 4 universités, ses 200 centres de recherches, ses centres hospitaliers, ses industries de pointe dans les domaines de haute technologie comme les communications, le multimédia, les pharmaceutiques ou l'aéronautique – en un mot, tout ce qu'on désigne comme l'économie du savoir mais qu'on pourrait tout autant qualifier d'économie de la créativité - il devient urgent de mesurer l'ampleur et la qualité des actifs culturels dont nous disposons pour les faire fructifier et en tirer des avantages stratégiques.

Évidemment, il est hors de question de nier les attributs intrinsèques de l'Art qui sera toujours le premier et le dernier refuge de l'âme humaine. L'art a ce pouvoir unique et indéniable de questionner, de bouleverser et de réinventer la culture. En ce sens, la création artistique constitue le moteur universel de la culture et on doit lui reconnaître cette importance et cela bien en amont des autres considérations sur lesquelles je m'attarderai plus loin.

En effet, alors que la rationalité économique trébuche, alors que l'éthique entrepreneuriale privée et la conduite des affaires de l'état accusent des ratées spectaculaires, alors que la politique se butte au cynisme et au scepticisme, alors que la science peine à expliquer les dérapages et les catastrophes qui se multiplient, alors que les préceptes religieux s'affrontent dans une cacophonie dangereuse et conduisent à des carnages sans nom, on se surprend à accorder un intérêt renouvelé aux artistes passés et présents et à leurs œuvres éphémères ou immortelles.

On attend plus que jamais des artistes qu'ils assument ce rôle immense qui consiste à ré -enchanter le monde.

Plus que jamais auparavant, la culture se présente comme la clé des trois apprentissages fondamentaux de l'humanité : apprendre à être, apprendre à connaître et apprendre à vivre ensemble.

Par ailleurs et de par le monde, les états et les villes se dotent de politiques culturelles innovantes et de plans d'action ambitieux. On investit massivement dans les infrastructures culturelles à Berlin ou à Lisbonne. On met en relief la vie culturelle des quartiers d'une façon délibérée à Barcelone. On encourage l'établissement d'artistes de renom grâce à des incitatifs fiscaux à Dublin. On tente de réparer les profondes cicatrices laissées par le déclin industriel à Lille, en France, qui est aujourd'hui devenue capitale culturelle européenne. Le tourisme culturel devient un phénomène si important que des commissions d'experts doivent se pencher sur la sur-utilisation de certains lieux patrimoniaux ou muséaux.

Le combat pour la diversité culturelle qui intéresse de plus en plus d'états et qui coalise les créateurs et les intellectuels fait des avancées remarquables.

Les droits et le statut des artistes deviennent un sujet de débat public, notamment en France alors que le combat des intermittents du spectacle ébranle les grandes institutions d'une nation qui se drape pourtant depuis toujours dans les tissus somptueux de sa culture…

Dans ce maelström, le meilleur côtoie le pire. Il faut bien sûr faire preuve de discernement et de sens critique pour distinguer ce qui relève d'une préoccupation durable pour un développement culturel intégré et ce n'est qu'esbroufe ou manœuvre cosmétique.

Cela dit, les paradigmes changent vraiment. Il faut le constater, et le répéter : la discussion sur les arts et la culture acquiert des résonances nouvelles.

Mais ce phénomène n'est pas encore complètement intégré, ni par les acteurs de la sphère culturelle, ni par les décideurs économiques et politiques.

En effet, nos attitudes, nos discours et nos pratiques sont encore très et trop marqués par des conceptions des arts et de la culture qui se promènent entre l'élitisme (l'Art avec un grand A qui ne devrait être accessible qu'aux esprits bien formés et disposés), le romantisme misérabiliste (l'art créé par l'artiste inspiré, souffrant, mal compris et obligatoirement mal rémunéré) ou l'utilitarisme intéressé (l'art qui fait du bien, qui guérit de toutes les maladies, qui nous distraie des malheurs de la vie ou qui génère des profits à court terme).

Ces idées reçues et ces préjugés bien ancrés à propos des arts et de la culture sont aussi, jusqu'à un certain degré, des retombées négatives de l'évolution du système culturel au Canada au cours des dernières décennies.

Dès les années 60, l'accent est mis –à juste titre - sur la professionnalisation des arts et de la culture avec l'affirmation d'objectifs d'excellence artistique et la mise sur pied ou la consolidation d'institutions culturelles de premier plan comme le TNM, l'OSM ou l'École nationale de théâtre. Les dépenses publiques visent l'accroissement de l'activité culturelle domestique. On est convaincu que l'offre va créer la demande.

Des efforts réels sont aussi déployés pour favoriser l'accès aux formes d'art « pré-électroniques » comme le théâtre, la danse ou la musique de concert alors que les industries culturelles comme le cinéma, la musique enregistrée ou l'édition, prennent leur envol et créent le phénomène de la consommation culturelle de masse.

La nécessaire démocratisation de l'art est vue- avec raison - comme une responsabilité prioritaire de l'État et elle justifie la mise en place progressive du système de subvention culturelle que nous connaissons aujourd'hui et qui repose toujours sur l'action essentielle des conseils des arts à l'échelle du Canada, du Québec et de la Ville.

Malheureusement, l'édification de ce système relativement sophistiqué et plus que jamais pertinent et nécessaire - s'est accompagnée – et c'était sans doute inévitable- par la multiplication de discours et d'attitudes qui établissent une espèce de rapport d'assistance publique, presque de charité, entre ceux qui gèrent l'économie ou prennent les grandes décisions politiques et ceux qui assument la création, la production et la diffusion artistiques.

À partir des années 70, on établit plus systématiquement des liens de causalité entre culture et développement économique.

Avec le ralentissement et la disparition éventuelle de pans entiers de l'activité économique fondée sur les ressources naturelles et leur transformation, on commence à mesurer l'impact réel de l'art et de la culture sur la main d'œuvre active par exemple.

On réalise que la création artistique génère des emplois, ce qui s'est effectivement produit à un rythme très rapide, surtout au cours des 20 dernières années. On évoque même le fait – trop souvent ignoré - que la création d'un emploi de qualité dans le secteur culturel coûte radicalement moins cher aux gouvernements que la création d'un emploi dans l'industrie lourde ou dans la transformation.

On s'est donc mis à calculer les retombées économiques de la culture , comme les recettes fiscales et parafiscales, les dépenses touristiques etc. On a aussi commencé à parler d'investissement, de capital de risque et des dépenses structurantes là où on ne parlait que de subventions, de bourses et de mécénat.

Ce sont évidemment les industries culturelles et les manifestations attirant des centaines de milliers de personnes qui ont été d'abord identifiés comme les nouveaux moteurs économiques des grands centres urbains.

Malheureusement, les arts et les lettres sont largement restés sur la touche, comme s'ils n'étaient pas les sources même et les conditions de renouvellement de ces nouvelles dynamiques culturelles…

Vers la fin des années 80, des échos des expériences américaines et européennes de revitalisation urbaine par la culture nous parviennent. Grâce aussi à Internet, des exemples de politiques culturelles urbaines intégrant non seulement des préoccupations envers les arts et les lettres, les industries culturelles, le patrimoine (qui est en grande partie le témoignage de la créativité passée) mais aussi l'architecture, l'aménagement du territoire et le design urbain et industriel commencent à circuler.

Un peu partout, l'art et la culture sont appelés au chevet des centres-villes souffreteux, des zones urbaines désertifiées ou surpeuplées ou des quartiers déchirés par la violence et la pauvreté. D'ailleurs, encore maintenant des pratiques artistiques fascinantes sont inscrites dans ce courant comme on peut le constater dans les friches de Lyon ou d'ailleurs, sans compter les initiatives intelligentes d'animations socioculturelles qui perdurent dans un grand nombre de villes d'Europe et d'Amérique et qui cautérisent, tant bien que mal, les plaies créées par un développement qui génère l'exclusion.

Au début des années 90, ici à Montréal, alors que l'économie périclite et que le poids de la ville dans les agendas politiques de Québec et d'Ottawa diminue à vue d'œil, certains leaders des milieux culturels se regroupent et commencent à imaginer ce qui deviendra, dix ans plus tard, Culture Montréal.

On cherche alors à faire passer les milieux culturels professionnels d'un état de relative méconnaissance, sinon de relative indifférence, à l'endroit des enjeux urbains à une position de contributeurs à la re-dynamisation de Montréal.

Mais, à la fin des années 90, c'est l'émergence spectaculaire des concepts d'industries inventives et de villes créatrices , d'abord en Angleterre et par la suite dans plusieurs pays d'Europe, qui modifiera pour de bon notre compréhension du rapport entre l'art, le patrimoine, la culture et l'économie. En 2002, les travaux très médiatisés de Richard Florida sur les travailleurs du savoir et l'attractivité de la culture, dont le fameux indice bohémien, précipitent les choses en Amérique du Nord au point de créer une mode, qui comme toutes les modes, charrie le meilleur et le très banal, le sophistiqué et le vulgaire. Mais cette mode est tout de même plus intéressante que celle du néo-libéralisme anti-culturel qui triomphait au début des années 90 aux États-Unis et dans certaines provinces canadiennes avec la mise à mal du National Endowment Fund for the Arts et l'anorexie budgétaire imposée à plusieurs conseils des arts.

En moins de cinquante ans donc, la création, la production et la diffusion culturelles sont passées d'une situation où elles échappaient presque entièrement à la sphère économique, puis elles ont évolué en périphérie de l'économie, elles ont été ensuite instrumentalisées avec plus ou moins de succès et elles sont finalement objectivement positionnées au cœur du cœur des stratégies de développement des grandes agglomérations urbaines où se prennent presque toutes les décisions financières qui balisent la trajectoire économique et sociale des pays et de la planète.

Cette évolution est phénoménale et elle commande un changement radical et profond en matière de politique, de planification, d'investissement et de dépenses culturelles. De façon corollaire, cette évolution oblige une re-définition des rapports traditionnels entre les professionnels des arts et de la culture et les autres secteurs d'activités.

L'histoire, la géographie, la réalité linguistique assez unique où le français côtoie fièrement et respectueusement l'anglais et 73 autres langues parlées dans les rues de la ville, la convivialité qui se vit entre les 120 communautés ethnoculturelles qui font vibrer Montréal, le niveau de solidarité sociale tout à fait exceptionnel pour une grande ville en Amérique du Nord, l'ouverture sur le monde, la candeur et la générosité que le reste de la planète nous reconnaît d'emblée; tous ces facteurs et bien d'autres, constituent un microclimat et un bouillon de culture très riches qui nourrissent un acharnement à créer, à inventer, à se singulariser, à s'afficher. La création contemporaine à Montréal est d'une richesse, d'une variété et d'une qualité exceptionnelle pour une agglomération de cette taille.

Mais on n'y prête pas suffisamment attention, on tient souvent tout cela pour acquis. On se convainc que tout cela est spontané et indéfiniment renouvelable. De fait, ce sont souvent les remarques des nouveaux arrivants ou des visiteurs étrangers qui nous rappellent à quel point nous possédons des attributs convoités dans un monde qui carbure à l'innovation et qui utilise la qualité de vie comme monnaie d'échange .

 Ce serait dommage que nous persistions dans cette bienheureuse inconscience. Ce serait un gaspillage d'opportunités que nous ne devrions plus nous permettre parce que l'économie de notre ville reste encore assez pauvre, assez bancale et assez vulnérable aux vents imprévisibles d'une mondialisation fondée sur la compétition.

Je suis convaincu que Montréal sera une métropole culturelle ou ne sera pas une métropole, point. Il y a urgence à faire partager cette conviction.

Aussi, quand on songe qu'il s'investit présentement près de 1 milliard $ dans les infrastructures culturelles de Toronto, dont 300 millions $ en provenance des gouvernements supérieurs, pour accélérer ce qu'ils appellent la renaissance culturelle de la ville pendant qu'ici nous publions discrètement des petites annonces dans les journaux pour trouver des partenaires pour construire une maison à l'OSM et que nous laissons encore planer des menaces de coupures budgétaires gouvernementales sur un secteur aussi stratégique et performant, il y a de quoi être un peu inquiet.

Mais, heureusement, le vent commence à tourner.

Déjà, la première politique culturelle de Montréal et la première politique du Patrimoine sont en incubation. Des consultations publiques pour les bonifier sont annoncées. Évidemment, les milieux culturels sont déjà relativement mobilisés. Mais il faut encourager la participation des autres milieux et souhaiter, qu'au terme du processus, Montréal soit dotée d'une vision et d'un plan de développement culturel dignes des plus grandes villes créatives du monde.

Il faudrait que la politique culturelle de Montréal soit, à l'instar de celle de Barcelone, une politique fondatrice de l'action de la ville pour que la dimension culturelle soit obligatoirement prise en compte dans toutes les décisions stratégiques et dans l'action quotidienne de l'Hôtel de Ville.

Il faut aussi souhaiter que nous ayons à notre disposition des outils facilitant et soutenant la coopération véritable de tous les acteurs du développement culturel.

Et ces acteurs doivent être très nombreux.

Ils comprennent, au premier plan, les artistes et les intervenants professionnels du continuum culturel montréalais qui part de la formation, en passant par la recherche, la création, la production, la diffusion, la conservation et qui va du secteur non lucratif au secteur commercial, qui se promène entre la rue, les microcellules de création, l'industrie culturelle ou même la méga entreprise culturelle, comme le Cirque du Soleil, et qui transcende les générations, les langues, les ancrages ethnoculturels, les disciplines, les savoir-faire et les choix esthétiques.

Les acteurs du développement culturel, ce sont aussi les individus et les organismes qui façonnent l'économie et la vie communautaire de la cité, ce sont tous ces gens d'affaires qui donnent du temps et de l'argent à des organismes culturels.

Ce sont aussi, bien évidemment, les gouvernements du Canada et du Québec et leurs agences et sociétés d'état qui sont des joueurs majeurs dans le financement des infrastructures et des activités artistiques et culturelles. Il n'existe pas d'exemple de métropoles culturelles internationales qui ne soient pas massivement soutenues par leurs gouvernements nationaux.

Il est clair que si le Québec tout en entier souhaite bénéficier des retombées culturelles, sociales et économiques d'une métropole culturelle de calibre international, ses stratégies de soutien à la métropole doivent être repensées dans les plus brefs délais.

Le gouvernement du Canada doit aussi être interpellé de façon pressante. Il lui serait difficile de prétendre continuer de jouer un rôle de premier plan dans le combat international pour la diversité culturelle sans investir dans la consolidation de la seule métropole de langue française en Amérique, d'autant plus que cette métropole génère un niveau exceptionnellement élevé de création artistique originale, soutenue par sa population et exportée avec succès à l'échelle de la planète.

Il faut aussi, bien sûr, considérer parmi les grands acteurs de la vie culturelle la Communauté Métropolitaine de Montréal, la Ville, les arrondissements, sans oublier le Conseil des arts qui tient haut le flambeau de l'excellence artistique au cœur de la métropole depuis des décennies et qui doit être mieux outillé pour la suite des choses.

Finalement et sans doute prioritairement, un développement culturel authentique doit interpeller et engager les citoyens qui ne veulent plus être considérés comme des consommateurs passifs de cultures ou des figurants mais comme les premiers acteurs de la culture de leur ville.

Dans le sillage de cette politique, on devra voir s'opérer des choix clairs destinés à renforcer Montréal comme métropole culturelle singulière, originale, attirante, captivante et, pourquoi pas, exemplaire. Évidemment, il faudra injecter de l'argent neuf mais il faudra aussi trouver des nouvelles manières de faire et envisager des stratégies dont l'empattement sera très large.

Au nombre des hypothèses à examiner, je vous propose de réfléchir à celles-ci. pêle-mêle :

•  La confection d'un plan de dix ans d'investissement public et privé dans les infrastructures culturelles de la ville ;
•  Un zonage culturel pour le centre-ville et plus spécifiquement pour le Quartier des Spectacles qui favorise la mixité des lieux et qui protège la présence des ateliers et des résidences d'artistes menacés par la gentrification appréhendée;
•  Un programme visant à nommer davantage d'espaces publics de la ville par des noms d'artistes qui ont marqué son histoire;
•  L'identification d'incubateurs culturels potentiels dans chacun des arrondissements de la ville afin de renforcer une dynamique culturelle riche et diversifiée pour tous les citoyens;
•  Un programme énergique pour encourager tous les Montréalaises et Montréalais de moins de 25 ans à participer à la vie culturelle offerte par toutes les institutions présentes sur l'île. Ce programme, destiné à assurer une relève des publics, suppose des réductions de tarif financées en partenariat avec la Ville, les gouvernements et le secteur privé.
•  La mise en place d'un vaste chantier culturel dans toutes les écoles montréalaises en collaboration avec les organismes culturels de la ville;
•  La multiplication des ponts entre les institutions culturelles et les institutions de savoir pour renforcer nos capacités d'innover sur tous les plans dans le domaine de la médiation culturelle et de l'organisation des fonctions culturelles;

À Culture Montréal, nous souhaitons que les enjeux culturels soient discutés en conciliant de façon originale des préoccupations de métropole et les aspirations des quartiers et des arrondissements qui sont des milieux de vie et d'identité à part entière.

En terminant, je veux vous dire deux mots à propos d'une question qui devrait nous préoccuper au plus haut point dès maintenant quand on parle de développement et d'avenir. Je veux parler ici des jeunes, des jeunes créateurs, des jeunes artistes. De celles et ceux qui constituent la prochaine génération, l'émergence, la suite du monde…

En effet, pour toutes de sortes de raisons que nous pouvons sans doute expliquer, notre système culturel est devenu difficilement perméable pour les jeunes artistes au sein desquels on compte une importante cohorte d'artistes et de créateurs issus de l'immigration des vingt dernières années. Ces jeunes qui sortent de l'École nationale de théâtre ou des facultés de musique ou qui trouvent leur voix par l'expérimentation artistique dans des lieux non institutionnalisés, sont l'avenir de notre vie artistique et culturelle. Pourtant on leur laisse entendre que ça ne vaut presque pas la peine de prendre un numéro pour espérer être servis par les mécanismes actuels de soutien à la culture parce qu'ils sont débordés de toute part et parce que la trop petite tarte est divisée depuis longtemps déjà.

Évidemment, ces jeunes n'en restent pas là, ils cherchent d'autres avenues qui vont de l'économie sociale à la création de coopératives en passant par le troc et les micro-comm

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