Entreprises manufacturières : comment prendre le virage 4.0?

Nous sommes à l’ère du 4.0, celle du système cyberphysique où l’interconnectivité entre les machines, l’informatique, l’Internet, l’intelligence artificielle et les technologies (comme la réalité virtuelle ou la réalité augmentée), sans oublier les capacités humaines, est de plus en plus (et de mieux en mieux) exploitée.

Comment cela se traduit-il pour des PME du secteur manufacturier? Par exemple, par la mise en place d’une usine intelligente et autonome, apte à prendre des décisions par elle-même grâce à des systèmes complexes de traitement des données.

Pour en savoir un peu plus sur le sujet, nous nous sommes entretenus avec l’un de nos panélistes qui a pris part à la formation Nourrir la croissance du secteur manufacturier à Montréal, M. Antoine Proteau, directeur, science des donnéeschez APN, une entreprise qui œuvre dans les secteurs de l’aéronautique et des hautes technologies et qui est reconnue pour son savoir-faire, sa capacité de production et sa modernité technologique.

La science des données, une nouvelle discipline?

La science des données est une discipline scientifique développée pour exploiter les données. On le sait depuis longtemps, il y a beaucoup à apprendre des différentes données qu’on peut recueillir dans notre environnement. Bien utilisées, ces dernières peuvent nous permettre d’économiser du temps, de l’argent et des ressources et, en parallèle, d’augmenter notre productivité.

En lien avec les opportunités que nous offrent les nouvelles technologies, un nouveau rôle chez APN a vu le jour depuis les dernières années, celui de directeur de la science des données. En fait, l’analyse des données en elle-même ne date pas d’hier, mais elle sera de plus en plus mise en valeur au cours des prochaines années, car on se rend maintenant compte de l’importance des données. Que ce soit pour modéliser une situation ou pour trouver de nouvelles relations entre les données et ainsi établir des corrélations pratiques entre différentes variables, les données sont mises au service de la productivité. Cela nous permettra de mieux comprendre certains enjeux (en matière de production, de contrôle de la qualité, etc.) et, donc, de mieux y répondre en prenant notamment de meilleures décisions.

Pour pouvoir analyser les données de façon efficace, il faut à la base que ces dernières soient pertinentes et qu’elles ne contiennent pas d’erreur; qu’elles soient épurées, si on peut dire. Puisque les données constituent la matière première de cette approche, elles doivent être de qualité. Rigueur et précision sont de mise. Un directeur de la science des données, comme Antoine Proteau, peut donc avoir pour objectif de mettre en place des méthodes systématiques de nettoyage constant. Avec des données propres et solides, on sera mieux à même de soutenir la production, grâce à de meilleures analyses faites en amont.

Des conseils pour les entreprises qui souhaitent implanter une transformation numérique

Par où commencer pour prendre ce virage? C’est LA question que beaucoup d’entreprises se posent. Bonne nouvelle : de nos jours, il y a beaucoup plus de ressources pour guider les PME dans cette voie. On retrouve sur le marché des audits et des autoévaluations, pour permettre, en premier lieu, de se situer par rapport à ses besoins. Des organismes comme le CEFRIO et Investissement Québec font beaucoup d’efforts pour sensibiliser les PME à l’importance de prendre le virage 4.0. Le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation propose lui aussi des outils pour guider les gens dans ce processus. RCGT est un autre exemple d’entreprise qui offre des ressources à ce sujet, grâce à son bureau sur l’intelligence artificielle et l’analytique avancée.

Du financement et des subventions sont également disponibles pour appuyer les entreprises dans leurs démarches, ainsi que des crédits d’impôt pour la recherche et le développement. Celles qui n’ont pas nécessairement des ressources à l’interne à consacrer à ces changements peuvent certes considérer l’embauche d’un consultant, mais une autre option – à moindre coût – pourrait être de faire appel à des stagiaires (par exemple dans des disciplines comme la mécatronique 1). Plusieurs institutions (universités, centres de recherche, etc.) offrent d’ailleurs des programmes de partenariat avec des entreprises.

Un autre conseil? Allez-y doucement, pas à pas. Commencez par vous fixer de petits objectifs, par implanter des projets à faible risque, un à la fois, tout en maintenant une stratégie et une ligne directrice bien claires. De cette façon, si vous faites fausse route, il vous sera beaucoup plus facile de rectifier le tir, et ce, sans vous ruiner. Ainsi, chez APN, on veille à ce que chaque petit projet soit bien implanté et fonctionne parfaitement avant de passer au suivant.

Dernière recommandation : il faut se tenir à jour et bien s’informer. Le 4.0 dans le domaine manufacturier demande des connaissances dans plusieurs domaines; il s’agit d’un travail multidisciplinaire. L’information circule et évolue rapidement; se garder à jour demande donc beaucoup de lectures et de réflexion.

Des erreurs à éviter

Selon APN, une des pires erreurs à faire serait… de ne rien faire! C’est-à-dire de ne pas prendre le virage 4.0, de penser que c’est une mode, une bulle qui va se dégonfler. Chez APN, on croit qu’une entreprise manufacturière qui n’adopte pas le numérique et la technologie est appelée à disparaître. Investir dans ce genre de technologie est donc une question de survie.

Par contre, une autre erreur serait d’investir sans se doter au préalable d’une stratégie numérique. C’est en fonction de la vision définie par l’entreprise que les investissements seront faits, de façon à ce que les nouvelles technologies s’intègrent pleinement dans l’écosystème de l’organisation. On doit notamment se renseigner et s’éduquer sur le sujet. Les ressources ne manquent pas sur le Web pour ce faire.

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Une nouvelle façon de voir les clients?

On a tous entendu l’expression : « Le client est roi ». De ce fait, il doit être mis au centre des préoccupations. Chez APN, à la suite d’une réflexion stratégique, on a fait le pari qu’en mettant les technologies au cœur de l’entreprise, le client en ressortirait totalement gagnant. Pourquoi? Parce que la technologie permet à une entreprise de s’améliorer, d’offrir de meilleurs prix, un meilleur service et une meilleure qualité.

Une autre constatation : grâce aux bases de données de plus en plus complexes et performantes, au commerce électronique et aux nombreuses façons de rester en connexion avec ses clients, on apprend à mieux connaître ceux-ci. En utilisant ces données acquises pour faire des analyses de marché, on peut mieux servir sa clientèle, lui proposer des produits mieux adaptés et plus personnalisés, particulièrement dans la vente de détail et le B2C. Investir dans les technologies contribuera donc non seulement à obtenir une meilleure productivité, mais aussi à offrir un produit amélioré.

Un rendement supérieur

Dans le cas d’APN, on a pris le virage 4.0 il y a environ sept ans. Au début, le rendement de l’investissement n’était pas nécessairement évident. C’est au bout de quelques années, après avoir implanté plusieurs projets et changé la vision et la stratégie de l’entreprise pour y intégrer ces nouvelles technologies que les résultats se sont fait sentir.

Des exemples? L’entreprise a amélioré ses délais de livraison, la vitesse de travail à l’interne est plus rapide que jamais, les employés produisent plus sans avoir à y mettre plus d’efforts ou de temps et sans même utiliser plus d’équipements. Le travail est optimisé : il est plus rapide, plus flexible et de meilleure qualité. Au final, l’entreprise connaît un taux de croissance constant.

En conclusion, l’intégration de nouvelles technologies au sein des entreprises manufacturières n’est plus un luxe, mais une nécessité. Celles qui ne le font pas risquent d’être rapidement dépassées. Pour rester dans la course, surtout face à des pays qui ont une main-d’œuvre moins dispendieuse, il faut trouver d’autres façons de se différencier. En investissant dans ce genre de technologies, les entreprises manufacturières peuvent développer un avantage compétitif important, voire indispensable. Maintenant que ces procédés existent et qu’ils sont accessibles à tous, à nous d’en prendre avantage dès que possible.


1 La mécatronique consiste à combiner des connaissances en mécanique, en électronique, en automatique et en informatique, le tout en temps réel. Concrètement, ce domaine d’ingénierie interdisciplinaire permet de comprendre et donc de concevoir des systèmes automatiques puissants et de pouvoir contrôler des systèmes complexes. C’est de cette façon qu’APN a d’abord fait ses premières expériences.

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