L’électricité : un atout stratégique pour réussir la transition énergétique

Le 24 mars dernier, la Chambre tenait son tout premier Forum stratégique sur le thème de la transition énergétique. Près de 300 décideurs se sont réunis pour discuter des occasions d’affaires et des défis liés au virage du Québec vers une économie plus sobre en carbone. Dans le cadre de cette initiative, nous nous sommes entretenus avec Marc-Antoine Pouliot, porte-parole médias d’Hydro-Québec.

Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) – Quel est le positionnement du Québec, en Amérique du Nord, en matière d’utilisation des énergies renouvelables?

M.-A.P. – En matière de production, le Québec bénéficie d’une position exceptionnelle en Amérique du Nord, mais aussi dans le monde, car, grâce à son potentiel hydroélectrique, 99 % de l’électricité générée provient des énergies renouvelables. Cela représente 36 370 mégawatts[1].

Malgré notre situation enviable, il reste encore du travail à accomplir. Il faut diminuer l’utilisation des hydrocarbures au profit d’énergies propres, plus particulièrement dans le secteur des transports, qui ne sont pas encore électriques à 100 % et qui émettent 41 % de gaz à effet de serre[2].

CCMM – Si 99 % de l’électricité produite est issue d’une énergie propre, d’où provient le 1 % restant?

M.-A.P. – De nos 22 centrales thermiques, qui fonctionnent en réseaux autonomes. L’énergie est produite à partir d’hydrocarbures. Elle est donc coûteuse et polluante. Afin d’en diminuer l’usage, nous avons annoncé, en mai 2016, que nous souhaitions convertir ces centrales aux énergies renouvelables telles que le solaire, l’éolien ou la petite hydroélectricité. Nous avons procédé au lancement des appels de propositions à ce sujet. Ce projet s’échelonnera jusqu’en 2023.

CCMM - Selon vous, quel est l’enjeu de la transition énergétique aujourd’hui?

M.-A.P. – L’enjeu est de décarboniser les activités économiques du Québec en soutenant les grandes entreprises dans leurs efforts et en travaillant main dans la main avec le domaine du transport. On pourrait dire que nous abordons au Québec une deuxième phase de la transition énergétique. La première s’étant déroulée dans les années 80, lorsqu’Hydro-Québec a mis en service ses centrales de la Baie-James et développé différents programmes pour convertir les systèmes de chauffage résidentiel au mazout, notamment. Cette opération a permis au Québec de réduire de 20 % sa consommation de produits pétroliers.

CCMM – Quelle place tenez-vous dans cette stratégie?

M.-A.P. – Étant donné que l’hydroélectricité est propre, abondante et disponible puisqu’elle peut être accumulée dans des réservoirs, Hydro-Québec s’implique au maximum dans cette transition. La politique énergétique 2030 a été lancée au printemps 2016. Au jour 1, nous étions déjà en action.

Concrètement, nous participons activement à l’électrification des transports, tant sur le plan des infrastructures que des équipements. Par exemple, dans le cas des véhicules électriques, nous travaillons sur le développement d’un réseau de bornes de recharge ainsi que sur les batteries alimentant leurs moteurs.

Par ailleurs, nous offrons aux entreprises en croissance des tarifs de développement économique. Celles qui souhaitent se développer, embaucher et, par conséquent, augmenter leur consommation d’électricité bénéficient d’un rabais de 20 %, et ce, jusqu’au 31 décembre 2027. Pourquoi? L’accès à de l’énergie abordable améliore l’environnement d’affaires et incite les entreprises étrangères à venir s’installer au Québec.

Prenons l’exemple des centres de données. C’est un secteur en très grande croissance, notamment en Amérique du Nord. Or, Montréal en est l’épicentre : Amazon et Ericsson sont déjà présents tandis que Google vient d’annoncer son intention d’y installer un centre de données[3]. Ces entreprises sont de grandes consommatrices d’électricité, mais elles sont également soucieuses de leur empreinte carbone. Nous sommes donc à l’attaque pour les attirer au Québec puisque notre électricité est issue d’une énergie propre et peu coûteuse (c’est la moins chère en Amérique du Nord). Notre énergie propre, notre climat, nos tarifs très concurrentiels ainsi que notre expertise font du Québec un choix avantageux pour cette industrie.

De manière générale, nous travaillons de très près avec les entreprises qui ont une forte consommation d’électricité afin d’y implanter des mesures d’efficacité énergétique.

CCMM – Nous avons parlé des centrales thermiques. Quel est votre plan d’action pour soutenir les entreprises dans leur utilisation de sources d’énergie plus faibles en carbone?

M.-A.P. – Nous avons fait une demande à la Régie de l’énergie du Québec pour mettre en place un programme de 50 millions de dollars destiné à convertir à l’électricité des équipements fonctionnant au mazout ou au propane dans les marchés commercial, institutionnel et industriel (c’est-à-dire les usines, les écoles, etc.). Le lancement de ce programme est prévu dans les prochaines semaines[4].

L’idée est d’aider ces secteurs, grands consommateurs d’énergie, en finançant jusqu’à 75 % des coûts afférents aux frais de conversion. C’est un programme gagnant pour eux, puisque cet investissement diminuera leur facture de chauffage à l’avenir. Pour Hydro-Québec, c’est une source de revenus supplémentaire. Et pour le Québec, c’est une occasion d’améliorer son bilan carbone.

CCMM – Le 24 mars dernier s’est tenu le Forum stratégique sur la transition énergétique, organisé par la Chambre. Que retenez-vous des échanges qui ont eu lieu?

M.-A.P. – Les défis sont immenses, mais les solutions sont déjà sur la table. Nous avons le savoir-faire, la volonté. Le seul frein à cette transition énergétique est le temps. Nous devons compter avec cette réalité dans un contexte de changements climatiques.

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