Comment être agile sans s’enfarger dans les fleurs du tapis?


Partie 6 : Trois leçons pour comprendre l’approche agile et bien l’appliquer

La transformation numérique nous oblige à constamment réagir au changement. Pour nous adapter à cette réalité, une nouvelle méthodologie s’est imposée : l’agilité. Si son nom est aujourd’hui bien connu, sa mise en pratique reste souvent difficile, principalement parce qu’elle est mal comprise. L’agilité en entreprise, qu’est-ce que c’est exactement?

Pour vous éclairer sur la question, trois experts numériques de Sid Lee ont fait part de leur expérience lors d’une table ronde. Rencontre entre Éric Briand, vice-président aux solutions numériques et aux partenariats, Caroline Royer, gestionnaire de produit, et Jean-François Lavigne, directeur UX.

La discussion a été animée par Mathieu Rolland, rédacteur chez Sid Lee.

Leçon 1 : L’agilité, ce n’est pas juste un mot à la mode, c’est une approche très concrète du travail.

MR : Comment expliquer simplement l’agilité?

JFL : C’est d’abord une manière de structurer le travail. L’agilité fragmente la méthodologie traditionnelle, qu’on appelle communément « en cascade » ou waterfall en anglais. Le modèle en cascade divise le travail en grandes phases : plusieurs mois de conception, plusieurs mois de production et des étapes d’approbation très espacées. Avec l’agilité, les étapes sont beaucoup plus nombreuses et rapprochées. L’équipe se rencontre sur une base régulière pour s’assurer que le projet va bon train.

CR : L’agilité se fonde davantage sur les individus et leurs interactions que sur les processus et les outils. Tous les membres de l’équipe doivent prendre une part active dans le projet. Le but ici, c’est d’être hyper transparent les uns envers les autres afin de pouvoir s’ajuster au besoin ou simplement pour être tous conscients de l’avancement du projet. Il faut que les dirigeants d’entreprise soient énormément présents pour donner leur avis sur l’évolution du produit, sinon tout le projet écope.

EB : L’avantage premier de l’agilité est la possibilité de livrer de la valeur rapidement. Paradoxalement, l’agilité permet aussi de considérer les produits et services à long terme. Cette méthode permet aussi d’itérer l’expérience et les fonctions d’un produit pour l’améliorer. Après tout, qui peut réussir du premier coup? L’iPhone est un bon exemple pour illustrer cette façon de travailler. Au départ, on voulait surtout concevoir un téléphone doté d’un ordinateur. Une fois le premier modèle lancé, on a établi une nouvelle priorité, on a amélioré le téléphone en conséquence, et ainsi de suite. Encore aujourd’hui, l’iPhone est un produit qui évolue.

Leçon 2 : Avec l’agilité, vous n’accumulez jamais de retard.

MR : Quels sont les avantages de l’agilité en entreprise?

JFL : Ça permet de tester des choses à plus petite échelle, d’obtenir des commentaires de consommateurs, soit par rétroaction ou en analysant des données recueillies sur leur comportement. Après, on peut faire des ajustements. De cette façon, on détecte les problèmes beaucoup plus rapidement. C’est pour ça que l’agilité est aussi pertinente à l’époque du numérique.

EB : Comme on est constamment en train de réagir et de s’ajuster, on n’accumule pas de retard face aux tendances de son industrie. On évite aussi un retard face à nos propres besoins d’affaires. Le site Web d’une entreprise est peut-être pertinent aujourd’hui, mais il ne le sera probablement pas dans six mois, un an ou deux ans.

CR : On communique sur une base régulière; notre implication n’est pas seulement prise en compte, elle est également essentielle. C’est très motivant. L’esprit de collaboration est très présent. Par exemple, avec plusieurs de nos clients, on a utilisé des war rooms pour mieux appliquer l’agilité. Ce sont des salles éphémères où travaille toute l’équipe. Il s’agissait de projets d’envergure et le travail a été livré non seulement à temps, mais sans même dépasser le budget.

Leçon 3 : L’agilité demande l’implication de tout le monde.

MR : Comment bien appliquer l’agilité en entreprise?

EB : La terminologie de la méthode agile (lean, scrum, design thinking, stakeholder et ainsi de suite) peut être intimidante. Pour vous y retrouver, si vous ne faites pas affaire avec une agence, trouvez-vous une ressource à l’interne qui aura l’expérience et les connaissances nécessaires pour mettre en place un modèle qui correspondra à vos besoins.

JFL : Il est essentiel de bien répartir le temps de chaque ressource pour maximiser les efforts de tout le monde. On dit souvent qu’il y a beaucoup de réunions avec la méthodologie agile. Or, si chaque rencontre est bien organisée, que les bonnes personnes sont présentes et que tout le monde respecte le processus et fait son travail, ça fonctionne très bien. Si deux personnes ont à discuter d’une chose, elles n’ont pas à le faire pendant une réunion de 20 personnes. Et faites vos rencontres debout. Vous n’êtes pas là pour placoter. L’idée est de faire le suivi avec toute l’équipe afin de réévaluer les priorités du travail à accomplir pour la journée.

CR : Dans les réunions, j’ai un chronomètre. Si on passe plus de cinq minutes sur une question, ça veut dire qu’il y a deux ou trois personnes qui auraient dû décider de certaines choses avant. On passe donc à un autre appel et on y revient à la prochaine réunion lorsque l’idée est mieux définie. Alors, dans mon cas, les réunions, ça roule!

JFL : N’hésitez pas non plus à repenser votre espace de travail. J’ai déjà travaillé pour une entreprise qui avait complètement revu la configuration de ses bureaux expressément pour appliquer la méthode agile. Les sections étaient divisées selon les groupes de travail et on pouvait écrire sur tous les murs! En plus, tout le monde avait reçu une formation sur la méthodologie.

EB : Enfin, je ne le dirai jamais assez : il faut que les propriétaires responsables du produit – les dirigeants d’entreprise – soient disponibles et présents sur une base régulière. Sortez de vos bureaux et mettez la main à la pâte!

Les opinions exprimées dans ce billet sont celles de leur auteur et ne représentent pas nécessairement celles de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. En conséquence, la Chambre ne peut en aucun cas être tenue responsable du contenu publié.

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