Sortir de l’ombre pour réaliser ses ambitions

Danièle Henkel, présidente, Les Entreprises Daniele Henkel, aux côtés de Géraldine Martin, qui était alors éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires, lors de la remise du Prix Réalisations 2015 - Les Affaires

Danièle Henkel, présidente des entreprises éponymes, est une dirigeante aguerrie. Reconnue à plusieurs reprises par le Prix Femmes d’affaires du Québec, elle en assure cette année la présidence d’honneur. Une opportunité pour elle d’inviter les femmes à ne pas avoir peur de leurs ambitions ainsi qu’à prendre leur place dans des secteurs qui leur sont moins naturels.

CCMM – Que vous ont apporté les différentes distinctions reçues dans le cadre du Prix Femmes d’affaires du Québec 1?

D.H. – Des moments marquants où tous, familles, proches et collaborateurs, nous nous rassemblions pour fêter notre succès. Car en entrepreneuriat, l’entourage joue un rôle tellement important dans la réussite du projet, qu’un prix couronne les efforts de tous et non d’une seule personne. Ce sont aussi des événements qui nous remplissent de fierté, qui font chaud au cœur. Nous avons peu ou pas tendance à accepter les félicitations. Ces distinctions sont précieuses pour célébrer nos accomplissements.

CCMM – La remise des prix de l’édition 2017 aura lieu le 8 novembre prochain. Quel est le but d’une telle soirée ?

D.H. – De se dire que tout est possible. D’être inspirée par le parcours de femmes qui ont réussi, malgré toutes les embûches, à se hisser sur le podium. Et de penser : « Pourquoi pas, moi aussi, me lancer? ».

« En entrepreneuriat, l’entourage joue un rôle tellement important dans la réussite du projet, qu’un prix couronne les efforts de tous et non d’une seule personne. »

CCMM – Au-delà du prix, quel bénéfice retirer du processus de candidature?

D.H. – D’une part, c’est une excellente réévaluation de son cheminement et de ses objectifs. Dans cette perspective, je trouve que c’est un bon exercice à faire.
D’autre part, ce processus fait sortir de l’ombre des secteurs d’activités dans lesquels les compétences des femmes ne sont pas forcément reconnues et positionne celles-ci dans des domaines qui leur sont moins naturels. Ainsi, des professions telles que chauffeuses de bus, intégratrices ou chercheuses scientifiques peuvent inspirer des jeunes et susciter des vocations.

CCMM – Selon vous, quelles sont les principales qualités communes aux femmes d’affaires réunies dans le cadre du Prix?

D.H. – La persévérance, la détermination et la résilience. Nous partageons toutes le même rêve : celui de s’accomplir. Il y a une volonté de créer quelque chose de nos propres mains. Nous savons cependant qu’un tel projet requiert énormément de sacrifices, tant sur le plan personnel, familial et même sur celui de la santé. Nous nous retrouvons parfois seules et il faut faire preuve de courage pour continuer.

CCMM – Quelle est la place des femmes dans le monde des affaires?

D.H. – Elles n’ont pas encore assez pris toute la place qui leur revenait. Les femmes représentent 47 % de la population active au Québec2 , mais elles ne sont que 24 % à occuper des postes de cadres supérieurs3

Oser, en tant que leader féminin, privilégier l’embauche d’une femme, qui est à compétence égale avec un homme, dans un domaine d’activité plus masculin. Cette embauche permettra d’amener une approche différente dans l’entreprise ainsi qu’une autre manière de faire.

CCMM – Quel est le principal défi auquel se heurtent les femmes désireuses de se lancer en affaires?

D.H. – La peur de l’échec. Nous sommes des « wonder women ». Nous souhaitons être certaines à 100 % que tout va fonctionner. Nous pensons que nous n’avons pas le droit à l’erreur et nous nous sentons obligées de le prouver à la Terre entière. Face à cette peur, le meilleur antidote, selon moi, c’est de se faire confiance et, aussi, d’accepter l’échec (nous sommes des humains, et non des robots!) sans pour autant s’identifier à celui-ci. Il faut accepter de se tromper et de déplaire – car on ne peut pas plaire à tout le monde malheureusement. Il faut avoir la conviction d’accomplir des choses basées sur nos valeurs et nos convictions personnelles, et avoir foi en nos compétences. Mon conseil? Lancez-vous, mesdames!

CCMM – Selon vous, et de manière générale, l’entrepreneuriat, c’est une fibre que l’on possède?

D.H. – Oui, c’est une fibre intrinsèque, qui se caractérise par notre faculté à prendre des risques et à innover. On ne devient pas du jour au lendemain entrepreneur, on naît ainsi. Parfois, on n’est appelé à le découvrir que bien plus tard, selon les circonstances de la vie. Mais c’est quelque chose qui est en nous dès le début et qui a pour but de nous mener à aller jusqu’au bout de notre rêve.

« On ne devient pas du jour au lendemain entrepreneur, on naît ainsi. »

Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) – Est-ce justement votre parcours entrepreneurial qui vous a menée à devenir la présidente d’honneur du Prix Femmes d’affaires du Québec 2017?

Danièle Henkel (D.H.) – Je dirai plutôt que c’est une combinaison d’expériences. Tout d’abord, le parcours de femme immigrante maroco-algérienne, puisque je suis née au Maroc, j’ai grandi en Algérie et j’ai émigré au Canada (et plus précisément au Québec) en 1990. Je me suis retrouvée dans un pays que je ne connaissais pas sans point de référence, avec des us et coutumes différents. Ce fut un réapprentissage total de repères culturels et professionnels. Un tel bouleversement requiert une capacité d’accepter le changement et d’adaptabilité. Il faut savoir faire des choix et se les approprier, en assumant notamment les responsabilités qui viennent avec.

Il y a également le parcours de la mère qui a emmené sa famille avec elle. Il m’a fallu maintenir une stabilité et une sérénité au sein de mon foyer, afin de limiter les impacts de ces changements que vivaient mes enfants.

Enfin, il y a le parcours d’entrepreneure. J’ai abandonné ma stabilité d’employée pour lancer mon entreprise, envers et contre tout. Moi, la femme, immigrante, mère de quatre enfants, j’ai décidé de démarrer cette aventure, car c’est ce que je voulais profondément. Si j’avais décidé de peser le pour et le contre, je ne me serais pas engagée dans cette voie-là. Aujourd’hui, je tiens à me servir de mon statut de personnalité publique pour redonner, partager et motiver. Je souhaite montrer que, dans le monde des affaires, on peut être femme et mère tout en parvenant à réaliser ses rêves, même si, parfois, cela peut prendre des années. Il y a une seule question que l’on doit toujours se poser : quelles sont les raisons qui m’amènent à réaliser ce que je fais? Ne jamais oublier que c’est nous qui traçons notre chemin.

1  Parmi les plus récentes distinctions de D. Henkel : 2015, récipiendaire du prix Réalisations; 2012, lauréate de la catégorie « Entrepreneure active à l’international »; 2010, finaliste de la catégorie « Entrepreneure, moyenne entreprise ».
2 Statistique Canada, Population active, emploi et chômage, et taux d’activité et de chômage par province, 2016.
3 Institut de la statistique du Québec, 2013.



À propos du Prix Femmes d’affaires du Québec

Le concours Prix Femmes d’affaires du Québec demeure depuis sa création l’unique concours s’adressant aux entrepreneures, cadres, dirigeantes et professionnelles qui se distinguent dans toutes les régions du Québec. Des femmes d’affaires reconnues pour leur savoir-faire et leur savoir-être, leurs réalisations probantes et leur rayonnement dans toutes les sphères de l’économie québécoise, au plan local, national et international.

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Crédit photo : Stéphanie Colvey, photographe.

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